La pratique de la masturbation
La première des grandes études sur la sexualité est due à Alfred Kinsey, auteur du fameux rapport Kinsey aux États-Unis (1948). Il constate à l'époque, qu'à l'âge de 18 ans, 92,8 % des
hommes se sont déjà masturbés pour environ 38 % des femmes.
Chez l'homme, la pratique de la masturbation semble déjà saturée à 18 ans, âge après lequel elle n'augmente plus. Chez les femmes, c'est différent : après 18 ans, le pourcentage de
femmes connaissant la masturbation augmente au fil des années, et cela jusqu'à 35 ans pour arriver aux alentours de 63 %. Étonnamment, la grande enquête sur le comportement sexuel des
Français, bien que plus récente, aboutit à des chiffres plus bas : 16 % des hommes de 25 à 45 ans expriment ne jamais s'être masturbés pour 45 % des femmes.
La fréquence de la masturbation
La fréquence est elle aussi différente entre les deux sexes, et cela commence très jeune. Chez les garçons entre 15 et 18 ans, 35 % affirment s'être masturbés dans la semaine précédente
pour 10 % des filles
Pourquoi ces différences ?
Les explications à ces différences sont de deux ordres : la différence anatomique peut expliquer l'accès plus facile au sexe masculin. Un garçon voit son sexe, ressent ses érections et
explore naturellement ce phénomène. Une fille ne voit pas son clitoris (sauf si elle utilise un miroir), et n'en ressent pas aussi facilement l'excitation, puisqu'il est beaucoup plus
discret. Il est donc moins simple pour elle de faire le lien entre ses émotions sexuelles et les réactions physiques de son corps.
L'autre explication tient en ce que, pour la plupart des parents, la masturbation masculine serait peut-être moins taboue, moins censurée que la masturbation féminine.
La place différente de la masturbation dans la sexualité
Chez les hommes, la fréquence de la masturbation est inversement liée à la présence de rapports sexuels génitaux. Chez les femmes, la masturbation est au contraire plus fréquente chez
celles qui ont des rapports sexuels.
La masturbation joue donc un rôle de substitut à la sexualité relationnelle chez les hommes, rôle qu'elle n'a pas chez les femmes. Pour elles, la sexualité relationnelle stimule plutôt
la pratique masturbatoire.
Ainsi, on peut en déduire, semble-t-il, que la masturbation masculine est plus liée à la tension sexuelle d'impulsion, compensatoire du manque de relations sexuelles de couple. Alors
que la sexualité féminine serait plus une masturbation d'entraînement liée à un plus haut niveau d'excitation sexuelle général. Cela pourrait aussi expliquer la différence de découverte
et de fréquence de pratique de l'auto-érotisme.