La sodomie, vous en rêvez ?
Assez peu, à en croire les échanges sur les forums de discussion d'Internet, où le qualificatif « contre nature » revient fréquemment. Pourtant, pense-t-on vraiment à la
condamnation biblique de Sodome et Gomorrhe ou à la fin tragique des Templiers, autrefois, accusés de cette infamie quand on se dit : « pas question», « pas prête » ou « pas envie » ?
Sûrement pas, mais l'interdit reste fort chez les hétérosexuels.
« Impossible de sauter le pas et d'oublier l'insulte dérivée de cette pratique. C'est trop humiliant ! », reconnaît ainsi Laure. Pur blocage moral ? Pas seulement. Si certaines femmes
craignent d'avoir mal, d'autres s'arrêtent encore sur la question de l'hygiène. Cependant, on y pense forcément tôt ou tard, à la sodomie. Notamment parce que les hommes, eux, en rêvent
souvent et qu'ils nous sollicitent.
Il s'agirait d'ailleurs d'un fantasme essentiellement masculin, d'une volonté de prendre et de pénétrer totalement une femme, de vaincre ses dernières résistances, d'éprouver des
sensations différentes ou de renouveler l'expérience d'une première fois.
Répondra-t-on à leur attente malgré nos réticences ? Osera-t-on affirmer que, nous aussi, on en a envie ? à moins qu'on ne campe sur un non définitif... l'essentiel est d'assumer son
choix avec décontraction. » Comment ? En sortant de l'opposition « perverse » versus « coincée.
Si le terme « contre nature » rappelle que l'anus n'est pas prévu pour accueillir un sexe d'homme, on pourrait en dire autant de la bouche. Mais qui condamne la fellation ? Quelque 80 %
des adultes s'y sont déjà essayés.
Si c'est lui qui prend les « devants », il ne faudrait pas le regarder comme le pire des amants lubriques. Et pourquoi donc ? La sodomie n'a rien à voir avec la perversion. Pour lui, s'il
n'y a pas de volonté d'avilir l'autre, de l'instrumentaliser au service de sa seule pulsion ou de lui faire mal volontairement, on sort du champ sado-maso ou même scato. Bien sûr, le
problème de la douleur peut se poser et la zone est pudiquement qualifiée de « psycho-gênante ». Mais si l'acte est bien fait, c'est-à-dire avec douceur et avec un lubrifiant, que l'on ne
revient pas tout de suite après à la zone vaginale, que les partenaires sont en bonne santé et que leur hygiène est impeccable, aucun problème.
Ces derniers blocages levés, quel plaisir à la clé ? Des sensations pour le moins intenses et qui dépasseraient tout. Une femme peut éprouver un véritable orgasme par cette voie
détournée. Il ne s'agit donc pas simplement de faire plaisir à l'homme de notre vie, de fermer les yeux en pensant à l'Angleterre ou de serrer les dents en attendant que ça se passe, mais
de participer réellement à un jeu à deux. D'être curieux ensemble.
Et si, finalement, on renonçait à sauter le pas ? Hier, on aurait fait l'éloge de notre vertu. Aujourd'hui, on pourrait passer pour prude, inhibée, coincée... Horreur ! Mais c'est
justement l'autre écueil à éviter. Car, après tout, on peut avoir mille bonnes raisons de dire non, tout en vivant une sexualité épanouie, riche et active. Est-ce d'abord une honte de
s'accrocher à un interdit ? Reconnaître ses limites est structurant et garder la sodomie pour la sphère du fantasme n'est pas sans pouvoir érotique.
N'en déplaise aux hommes...
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