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Ils sont retraités, ils sont grands-parents, et sous leurs cheveux blancs, on imagine mal qu’ils sont encore des amants. Et pourtant, on y viendra tous... De plus en plus de seniors attachent de l’importance au sexe et veulent en profiter le plus longtemps possible.

Peut-on avoir du désir à tout âge ?

Oui bien sûr. Le désir s’émousse surtout du fait de l’usure du couple car les fantaisies et la fantasmatique deviennent moins puissantes. C’est un peu comme si on était "blasé". Mais certains couples qui vivent ensemble depuis trente ou quarante ans arrivent très bien à stimuler leur émotion sexuelle, voire à l’approfondir. Ce sont généralement des couples qui jouent de leurs fantasmes ou qui arrivent à adapter leur imaginaire à leur physique déclinant.

Finalement, ils peaufinent leur sexualité en vieillissant. Les femmes sont très sensibles au rapport au corps et à l’esthétique, et ça joue beaucoup aussi sur le désir.

Avec l’âge, cette complicité dans le couple devient-elle essentielle pour amorcer le désir ?

Oui, c’est très important. Les hommes oublient souvent toutes ces manifestations d’amour, toutes ces attentions dont beaucoup de femmes disent qu’elles ont besoin pour avoir envie. Les regards, les paroles, les baisers... toute cette communication visuelle et verbale est essentielle. C’est d’autant plus vrai qu’avec l’âge, beaucoup de couples oublient de se regarder.

Passé un certain âge, les galipettes et les acrobaties, c’est quand même moins facile qu’à 20 ans. Le plaisir est-il alors plus difficile à trouver ?

C’est ce qu’on travaille dans un cabinet de sexologue. Comment faire avec ce qui reste possible, avec ses handicaps, ses freins, ses maladies, et comment travailler tout ce que le couple peut réhabiliter ?

La pénétration reste importante dans une vie sexuelle, mais elle n’est pas indépassable. La peau est un immense champ de sensations, tous les organes génitaux peuvent être stimulés et procurer du plaisir et du bien-être. L’orgasme peut aussi rester tout à fait intact, tout dépend du vécu psychologique et relationnel du couple. Il ne faut pas oublier que le moteur essentiel de la sexualité reste le cœur. Sans lui, rien n’est possible.

Avec la retraite, et donc plus de temps libre, le sexe peut-il devenir un nouveau terrain de jeu ?

Oui, bien sûr. Après 60 ans, le couple se retrouve un peu comme il était dans sa prime jeunesse. Si tant est que l’on soit en forme, on dispose alors de son corps comme on veut. La femme ne craint plus les grossesses, elle n’a plus ses règles, elle est donc tout le temps disponible. Les enfants sont partis, l’espace entier de la maison est à nouveau exploitable. Tout ceci donne une liberté à la sexualité qui peut effectivement la rendre plus épanouie.

C’est aussi une période de sa vie où l’on peut se dire que l’on a plus rien à perdre et que c’est le moment où jamais d’en profiter. Dans cet état d’esprit, la sexualité peut se débrider.

Et faire l’amour, c’est toujours bon pour la santé ?

En général, les sexologues ont tendance à répondre oui, au même titre que l’exercice physique. Quand le couple a une sexualité satisfaisante, on a pu remarquer que la dépression, les angoisses, les troubles du sommeil étaient beaucoup moins fréquents. Il n’y a pas non plus de risques physiques, sauf à passer en revue tout le Kâma-Sûtra ! Les efforts nécessaires à l’acte sexuel correspondent au fait de monter deux marches d’escalier. Sauf acrobaties fantaisistes, et si l’on s’entretient bien en faisant du sport et en mangeant sainement, il n’y a aucune contre-indication à faire l’amour, même à un âge avancé.

Quels sont les troubles sexuels qui apparaissent le plus fréquemment avec l’âge ?

Ce sont surtout les problèmes d’érection des hommes. Si une femme arrive à conserver intact son désir et qu’elle a une bonne lubrification, elle pourra continuer sans problème à faire l’amour. L’homme, lui, est beaucoup plus fragile.

Conseils aux couples dont la sexualité décline ?

C’est souvent très difficile, car généralement, personne ne dit rien. Mais la première chose à faire est d’abord d’en parler ensemble, pour savoir comment y remédier. Avec des jeux ou des temps plus longs de caresses ou de baisers, les pannes ont des chances de diminuer. Mais attention, si l’homme commence à perdre son érection, inutile de trop s’exciter, ce serait alors lui imposer cette érection, comme si elle devenait incontournable. Stressé, il risquerait fort de se mettre tout seul en panne.

Conseil pour avoir une sexualité heureuse le plus longtemps possible ?

C’est aussi le résultat de la sexualité que l’on aura eu avant. Un couple qui, entre 20 et 40 ans, vit une sexualité normale, voire médiocre, aura beaucoup plus de mal à maintenir une sexualité satisfaisante après 60 ans. Au contraire, avoir une sexualité régulièrement et de qualité pendant qu’on est jeune est un bon facteur prédictif pour conserver avec l’âge une sexualité épanouie.