"Qui n'a un jour craint, redouté, rêvé d'être fouetté(e) ou flagellé(e) ?"
Très tôt dans l'histoire de l'humanité, les textes anciens relatent les liens entre la douleur et la jouissance. "On sait combien les prêtresses de Milet jouaient du fouet pour exciter la volupté. Hérodote raconte les flagellations érotiques des fêtes d'Isis où tous les fidèles armés de fouet se frappaient jusqu'à ce que surexcités par la violence et la douleur ils tombassent anéantis dans les bras les uns des autres".
Les textes sont formels, pas de fêtes orgiaques sans rituels du fouet, que ce soient les Dyonisies en Grèce ou les Bacchannales à Rome...
Le fouet trouvait aussi sa place dans les traitements contre l'impuissance ! L'une des grandes croyances anciennes était que le sperme fécondant venait de la moelle épinière. Selon la doctrine hippocratique, il fallait réchauffer les lombes pour redonner de la vigueur au membre défaillant.
Une des raisons pour laquelle, nos grands-pères, sans doute, adoptaient les ceinture en flanelle pour se chauffer les reins quand d'autres recourraient à l'art du fouet. "La flagellation était un moyen particulièrement efficace, surtout si elle était pratiquée par une jolie brune" précise le psychiatre, illustrant ainsi cette pratique prisée dans les maisons closes, et administrée par des jeunes filles, à quelques libertins surannés, en extase. Et vigoureux. Preuve s'il en est de l'efficacité du remède !
Objet fétiche des pratiques masochistes, le fouet fait son entrée très tôt dans la vie de Léopold von Sacher-Masoch, y laissant les traces que l'on connaît aujourd'hui. Dans son écrit culte La Femme au fouet, il y relate comment à l'âge de 10 ans, il sera puni par sa tante qu'il surprend avec un amant : "Me tenant par les cheveux de la main gauche, et me posant un genou sur les épaules, elle se mit à me fouetter vigoureusement (...) Mais il me faut bien le reconnaître, tout en me tordant sous les coups cruels de la belle femme, j'éprouvais une sorte de jouissance". Dès lors des femmes porteuses de fouet, chaussées de bottines de velours, et autres avatars fétichistes, seront partout présentes dans l'oeuvre de Masoch.
"Ce type de corrections peut amener des déviations, une forme de perversion des pulsions. Il ne pourra pas s'échapper de cette scène, devenue sa seule source de jouissance".
A la grande époque de la censure, la flagellation, comme d'autres raffinements érotiques, était un signe de libération des moeurs. Au delà d'une simple pratique SM, s'y mêlaient des sensations corporelles voluptueuses, source d'excitation. "A la douleur, y était associée le fantasme de la domination, toujours en cours aujourd'hui" explique le psychiatre.
"Le fouet et la douleur masochiste peuvent être un fantasme excitant pour certains qui ne le réaliseront jamais...". Pour d'autres, qui désirent la vivre, ils peuvent être une réalité jouissive. "Peu de pratique du fouet subsistent, hormis dans certains milieux très particuliers du SM, une minorité, croyez-moi !".
Il n'en reste pas moins un fort symbole érotique de la soumission consentie, qui perdure dans la pratique de la fessée toujours en cours.
Sa variante, version cravache et bottines, proposée par les corners dédiés au plaisir, peuvent alimenter ce fantasme. "Toute stimulation particulière du corps peut être excitante, à une seule condition toutefois : que le jeu soit librement consenti par les partenaires en présence !".